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Lac d'Averno - Parc Regional du Campi Flegrei

 

Code 0101-01

Localisation: Latitude 40.827° Nord et Longitude 14.139° Est,

Caldeira, altitude 458 mètres, Campanie, Italie.


Géologiquement, le Campi Flegrei est une vaste caldeira de 12 à 15 kilomètres de diamètre, - mais probablement au moins le double, voire plus, pouvant être estimé -, dans sa partie principale où s'essaiment au moins 40 édifices volcaniques aériens, chacun doté de son cratère, un nombre indéterminé de structures vulcaniennes sous-marines, certaines identifiées, dans les Golfes de Puzzuoli et, en sa partie occidentale, de Napoli, et une kyrielle de bâtis de type secondaire tels des domaines fumerolliens, des geysers et des épanchements de boues chaudes ,- Pisciarelli, la Polla, la Solfatara... -, des émanations de vapeurs toxiques et des sources hydrothermales, - Agnano, Pozzuoli, Lucrino... -


Bien qu'animé par une activité bradyséismique chafouine et permanente élevant, au cours des quatre dernières décennies, le niveau de son sol d'environ 4,70 mètres, une sismicité assez faible, un champ de gravité assez problématique et des caractéristiques physiques et chimiques, attenantes aux fumerolles, variables, il est toujours considéré «être », depuis la dernière éruption du 29 septembre au 6 octobre 1538, sur la rive Est du lac d'Averno. donnant naissance à un petit cône de cendres et de ponces de 130 mètres de hauteur, le Monte Nuovo, « en état de repos superficiel apparent. »


Emprise territoriale du Campi Flegrei.


L'emprise territoriale du Campi Flegrei s'étend aux villes de Pozzuoli, de Bacoli, de Monte di Procida, de Quarto Flegreo, aux quartiers Pianura, Soccavo, Fuorigrotta, Bagnoli, Coriglio et Posillipo, de la ville de Naples, et aux villages de Pisani et d'Agnano. Et bien qu'extérieures à la caldeira de Campi Flegrei, - leur histoire et leur chronologie ayant, certes, quelques légères différences -, les îles volcaniques d'Ischia, de Procida et de Vivara sont communément incises dans le périmètre externe du supervolcan. En outre, posant de multiples interrogations sur l'extension exacte du complexe vulcanien, des travaux récents démontrent que des édifices volcaniques et des restes de dômes de laves tapissent les fonds marins du Golfo di Napoli, du Napoli Canyon, de la Salerno Valley et du Ponza-Salerno Terrace.


D'autres questions, quant à l'extension réelle du complexe volcanique du Campi Flegrei, restent aussi en suspens. En effet, des séquences de laves et de pyroclastites datées de 2 millions d'années ont été répertoriées dans les carottages effectués lors d'un forage mené à Villa Literno d'une part. Par ailleurs, des affleurements, principalement des dépôts pyroclastiques et des restes de dômes de lave de 60.000 ans d'âge, ont été répertoriés au Nord-Ouest du complexe caldeirique du Campi Flegrei, à Torre Caraciolo, à Calmadoli, à Cappodimonte, à Piscinola, à Miano et au Palazzo Reale, des quartiers situés dans les villes de Marano di Napoli et de Naples, et au-delà, au Nord-Ouest et à l'Ouest, jusqu'au pied du Summa-Vésuve, à Casavatore, à Casoria, à Casalnuevo di Napoli, à Pomigliano d'Arco, à Voilà, à Cercola, à Sant'Anastasia, à Pollena Trocchia et à San Giorgio a Cramona.


Le supervolcan Campi Flegrei et le Summa-Vésuve, même complexe volcanique ?


 

Le Campi Fleigrei et le Summa-Vésuve ont connu, au VII° Millénaire avant Christ, vers 6.600/6.500, au III° Millénaire avant J.C., vers 2.440/2.420, et au II° Millénaire, avant l'Ère Chrétienne, vers 1.600/1.550, au moins trois périodes éruptives communes. Quant au bradyséisme dont est affecté le supervolcan Campi Flegrei, et visible tout particulièrement dans l'un de ses cratères, la Solfatara, le phénomène de remontée, de stagnation ou de baisse lente fluctue avec les périodes éruptives du Summa-Vésuve. Il connaît, après la dernière éruption en 1538 et la formation du Monte Nuovo, une subsidence lente jusqu'au 4 avril 1944, - fin de la dernière éruption du Summa-Vesuve qui avait débuté le 5 juillet 1913 -, suivie d'une période de stagnation et une reprise progressive de l'inflation, environ 1 centimètre/an, et ponctuée par deux périodes de bradyséisme d'une durée d'environ deux ans chacune, de 1970 à 1972, provoquant une remontée du sol de 1.70 mètre, et de 1982 à 1984, engendrant une élévation du sol de 2 mètres, une élévation accompagnée d'environ 10.000 tremblements de terre, dont le plus important, de magnitude 4.2, s'est produit le 4 octobre 1983. Depuis 1985, la déformation, ayant une symétrie circulaire centrée proche de la vieille ville de Pouzzoles, enfle, entrecoupée de brefs stades de déflation ou de stagnation, de 0,8 à 1,8 centimètres l'an.


Cette conjoncture volcanique interpellant, une question s'impose: les deux ensembles volcaniques limitrophes auraient-ils une même chambre magmatique située entre 10 et 50 kilomètres de profondeur et reliée à la surface par plusieurs conduits ? Comme se pose l'énigme de la formation du Golfe de Napoli bordé, en son Sud par les épanchements trachydacitiques et basaltiques tapissant les fonds marins du Napoli Canyon, de la Salerno Valley et du Ponza-Salerno Terrace, en son Sud-Ouest par les îles volcaniques d'Ischia et de Procidia, en son Nord-Nord-Ouest par le Campi Flegrei, en son Nord par le complexe vulcanien de Torre Carraciolo-Miano, en son Est par le Summa-Vésuve et en son Sud-Est le complexe Castellammare di Stabia-Cava di terrini.


Le Campi Fleigrei implanté sur l'arc volcanique campanien.


Le Campi Fleigrei et le Summa-Vésuve font partie d'un ensemble de bâtis formant l'arc volcanique campanien qui résulte du processus de subduction, la plaque tectonique africaine, plus lourde, plongeant sous la plaque eurasienne, plus précisément sous le terrane italiote, et qui s'étale, le long de la côte tyrrhénienne, depuis le Mont sous-marin du Palinuro, à l'Ouest de la Campanie, jusqu'aux Monts Amiata et Larderello, au Sud de la Toscane. Et le Larderello, au cratère Lago Vecchienna, en 1282 ; le Campi Flegrei, à 2 reprises, entre 1198 à la Solfatara, et 29 Septembre 1538 au Monte Nuevo ; le Vésuve à 53 reprises entre le 24 octobre 79, indice d'explosivité 5 et le 4 avril 1944 ; et l'Ischia-Arso, le 18 janvier 1302, sont entrés en éruption au cours de l'histoire récente, les autres, l'Amiata, le Versini, l'Alban Hills, le Procida et le Palinuro pour les principaux, paraissant éteints.


 

Les étapes géologiques du Campi Flegrei.

 

Il est communément admis, par les hautes autorités volcanologiques, que trois périodes géologiques distinctes, - ou phases -, sont à considérer pour appréhender le complexe volcanique de Campi Flegrei : l'Archiflegreo, 42.000 à 37.000 ans, le Flegrea, 35.000 à 10.500 ans, et le Campi Flegrei, 10.000 et toujours actif, - dernière période éruptive du 29 septembre au 6 octobre 1538 -, au Monte Nuevo.

 

Il est aussi convenu, par les mêmes instances, qu'à l'origine, formé de tufs et de laves trachytiques alternées, appelé Archiflegreo, environ 42.000 ans avant Christ, le Campi Flegrei était un volcan, à bâti unique, comparable, en taille, au Vésuve. Légèrement postérieur aux débuts éruptifs d'Ischia, 56.000 ans, mais antérieur au volcanisme Summa-Vesuvio, 17.000 ans, il serait, en outre, contemporain de la dernière glaciation de Würm, - 75.000 à 10.000 ans -, troisième tiers du Pléistocène supérieur, - 130.000 à 10.000 ans -, plus particulièrement de Würm III, - 50.000 à 30.000 ans -.

 

Avant l'Archiflegreo, aurait-il existé un Paléo-Archiflegreo ?

 

En vérité, le début du volcanisme du Campi Flegrei n'est pas connu avec précision mais il serait largement antécédent aux 42.000 ans communément avancés comme plausible. En effet, des séquences de laves andésitiques et de pyroclastites(1) recouvrant des strates de laves basaltiques, datées de 2 millions d'années environ, ont été recensées dans les carottes(2) prélevées lors d'un forage privé effectué sur la commune de Villa Literno(3), une commune située à 20 kilomètres au nord de Puzzuoli. Ces produits volcaniques stratifiées sont signes de la présence d'au moins un «volcan gris», aux éruptions explosives, émettant des laves pâteuses et des cendres sous la forme de nuées ardentes ou coulées pyroclastiques et de panaches volcaniques. Elles paraissent être l'expression d'une éruption explosive majeure, super-colossale, -VEI 7 -, voire méga-colossale, - VEI 8 -, qui se serait produite en un lieu indéterminé, proche ou au cœur du Campi Flégrei, dans le Golfe de Puzzuoli, voire dans celui de Naples, donnant naissance à une première structure caldeirique complexe, de dimension indéterminée, mais de toute évidence conséquente.

 

Les produits volcaniques, découverts à Villa Literno - des produits qui devaient avoir atteint d'autres sites tout aussi éloignés sinon plus, -laissent supposer qu'au Gélasien, 2,588 à 1,806 Millions d'années -, un événement de type Plinien/Ultra-Plinien ou Ultra-Plinien, - vers 2 millions d'années -, contemporain au Yellowstone, Huckleberry Ridge, aux États-Unis, et au Cerro Galán, en Argentine, deux éruptions méga-colossales, - 2.2 millions d'années -, avait enterré une grande partie de la Campanie sous d'épaisses couches inter-stratifiées de laves et de pyroclastes. Et seuls des carottages, l'éruption d'ignimbrite campanienne, - 39.000 ans -, et celle de tuff jaune napolitain, - 15.000 ans -, toutes deux liées à des incidents de subsidence, ayant tout recouvert sous plusieurs strates successives, permettraient d'en déterminer l'étendue réelle.

 

 Le Paléo-Archiflegreo aurait-il connu, ensuite, une longue période d'inactivité ?

 

 Après cet épisode majeur, éruption explosive super ou méga-colossale avec formation plausible d'une caldeira, une période d'environ 1,9 millions d'années s'écoule sans que ne soit visible, au sol, - ni dans les affleurements, ni dans les falaises côtières, ni dans les collines autour de Puzzuoli -, des manifestations volcaniques matérialisées par des dépôts pyroclastiques ou des coulées laviques. Le Paléo-Archiflegreo serait-il resté un si long temps sans activité? Cela paraît peu crédible d'autant que l'éruption de tuff jaune napolitain, - 15.000 ans -, faisant suite à celle d'ignimbrite campanienne, - 39.000 ans -, avait couvert une superficie de plus de 1.000 kilomètres carrés, une superficie conséquente mais bien inférieure à la précédente qui avait entièrement détruit l'Archiflegreo.

 

Et c'est d'autant moins vraisemblable qu'au Pléistocène inférieur, - 1,806 millions d'années à 781.000 ans -, et au Pléistocène moyen, - 781.000 à 126.000 ans -, le volcanisme et la séismicité étaient intenses en cette portion de l'arc volcanique campanien. Le complexe caldeirique de Roccamonfina, - 1.006 mètres -, le quatrième volcan italien par ses dimensions, considéré comme le plus ancien volcan de Campanie, de 900.000 ans d'âge environ pour certains, a connu des phases éruptives explosives attestées entre 549.000 et 376.000 ans, une seconde entre 374.000 et 323.000 ans et une troisième entre 317.000 et 96.000 ans, les dernières éruptions étant référencées vers 70.000 ans, 50.000 ans et 290 avant J.C. Les Paléo-Époméo, - sur l'Île d'Ischia -, Paléo-Posillipo, - dans le Campi Flegréo -, et Paléo-Summa, - Summa-Vésuve -, présentent, eux, des strates horizontales de laves trachytiques surmontées de couches de tuff, minces et régulières, contenant des fossiles de coquillages et de mollusques, - Cerastoderma glaucum, Artica islandica... -, datés du Calabrien et de l'Ionien(4), étaient actifs, au cours de ces deux époques géologiques, en milieu marin.

 

Une étude approfondie des laves des volcans sous-marins qui tapissent les fonds du «Circeo Terrace », - Marchi...-, du «Ponza-Salerno Terrace », du « Napoli Canyon » et du « Salerno Basin », - Palinuro, Vavilev, Marsili et ses 3.000 mètres de haut, Magnaghi... -, endormis ou éteints, et des îles volcaniques de Palmarola, de Ponza, de Zannone, ou une source d'eau chaude, du moins un « fumoir » sur le plateau marin est toujours actif, de Ventotene et de Santo Stefano, aiderait à mieux comprendre le volcanisme campanien au Pléistocène inférieur et moyen.

 

 

La plaine de Campanie se situe dans un graben encadré par des plates-formes carbonatées du Mésozoïque(5). Son origine est la conséquence d'un étirement ayant provoqué, par contre-rotation horaire de la péninsule italienne, un amincissement de la croûte continentale engendrant un affaissement conséquent du bassin d'avant axe corso-sarde et de la plate-forme carbonatée, et l'ouverture simultanée d'un domaine marin, la Mer Tyrrhénienne.

 

 L'arc volcanique campanien.

 

L'arc volcanique campanien résulte de la convergence et de la subduction des plaques tectoniques Africaine et Eurasienne, plus particulièrement la plaque Ibérico-Provençalo-Italo-Maghrébine(6), la première, plus lourde, plongeant profondément sous la seconde, plus précisément sous son terrane(7) Italote(8). Les matériaux du manteau terrestre, par l'augmentation de la pression, et de la température, entrent en fusion, générant la formation d'un magma hydraté et léger. Celui-ci, moins dense, a tendance à remonter dans les roches encaissantes, soit rapidement, - volcanisme andésitique: andésite ou rhyolite -, soit plus lentement, -granodiorite -. Se créant des passages à travers les fissures et les failles, et circulant dans l'asthénosphère, ce magma donne naissance au volcanisme de subduction. Les volcans, de type éruptif violent, des volcans gris, sont, alors, disposés parallèlement à la marge et s'alignent pour former un arc volcanique.

 

Une phase intense de volcanisme potassique a commencé il y a environ 1,2 à 1 million d'années en Toscane, Latium et Campanie, en particulier le long de la côte Ouest de la péninsule italienne, du Lardello au Summa. Entrecoupée de périodes de quiescences, l'activité volcanique a continué, jusque vers 60.000 à 50.000 ans, dans un milieu marin. En effet, un étirement de la croûte terrestre, au Pléistocène inférieur(9), avait provoqué l'enfoncement progressif des plates-formes carbonatées de 1 à 4/5 kilomètres de profondeur et environ de 2 à 2,5 kilomètres de profondeur au niveau du Campi Flegrei et du Summa. Parallèlement, elle avait généré un soulèvement du manteau dans le centre de la Mer Thyrénienne et, au Pléistocène supérieur, la croûte terrestre(10), au niveau de l'arc vulcanien campanien, n'avait plus qu'une épaisseur comprise entre 5 et 10 kilomètres, une épaisseur similaire à celle de la croûte océanique.

 

Le Proto-Archiflegreo.

 

La discontinuité de Mohorovicic, le Moho, limite entre la croûte terrestre et le manteau supérieur de la Terre, a une épaisseur moyenne de 35 kilomètres sous la croute continentale. Sa remontée, sous le plateau carbonaté campanien, est identifiée à 15 kilomètres de profondeur au Nord du Campi Flegrei. De fait, la croûte, mince, étirée et instable, lacérée par de multiples fissures et de nombreuses fractures, facilite la montée du magma.

 

Des forages géothermiques effectués dans la région des Champs Phlégréens ont montré une accumulation de plus de 1.800 mètres de laves et de produits pyroclastiques d'origine volcanique, inter-stratifiés, dans le sous-sol. Le socle sédimentaire, de même nature que celui du Vésuve, est composé de séries à faciès flysch, de plusieurs kilomètres d'épaisseur, d'époques Mésozoïque et Cénozoïque. Ces formations détritiques sont essentiellement constituées de dolomies du Trias, de calcaires du Jurassique et du Crétacé et de grès, d'argiles et de marnes du Paléogène. Le magma, dont le réservoir, en relais secondaire, se trouve dans les dolomies, à environ 5,5 kilomètres de profondeur, n'a pas assimilé ces séries carbonatées.

 

Outre les premières strates de basaltes, d'andésites, de trachytes et de phonolites alcalins, datées de 2 millions d'années se rapportant au Paléo-Archiflegreo, des phases d'activité s'échelonnent entre 300.000 et 50.000 ans. La présence, principalement, de dépôts pyroclastiques marque, si ce n'est la succession de plusieurs édifices, l'existence d'au moins un Proto-Archiflegreo. Des émergences de produits volcaniques, datés de cette période, affleurent le long des falaises qui bordent le Campi Flegrei et dans une carrière située le long de la côte qui délimite, au Nord-Est, la plaine de Quatro. Et seuls quelques-uns des centres éruptifs, des restes de dômes de lave d'âge estimé entre 60.000 et 50.000 ans, sont encore visibles.

 

Le volcan Parete.

 

Le quartier volcanique du Campi Flegreo est caractérisé par un certain nombre de coulées de lave, de produits pyroclastiques de composition variable, - du trachybasalte au trachyphonolite alcalin -, et de dômes enterrés. Connectés aux premières étapes de l'activité volcanique campanienne, ils sont localisés, principalement, en périphérie externe de la caldeira, au niveau des failles régionales de direction Nord-Est/Sud-Ouest qui cisaillent le graben, - ou dépression tectonique -, de l'Acerra.

 

Le volcan de Parete, enterré, a été découvert dans le cadre d'un forage géothermique sous plus de 1.500 mètres de strates alternées de laves trachyandésitiques et trachybasaltiques et de produits pyroclastiques recouvertes par de l'ignimbrite et du tuf jaune napolitain. Son âge n'est pas exactement connu, mais son activité vulcanienne aurait débuté entre 200.000 et 100.000 ans et se serait poursuivie jusqu'à l'explosion cataclysmale du Campi Flegrei datée de 39.000 an. Il se situe à 13 kilomètres du volcan Camaldoli, à 15 kilomètres de la Solfatara et à 27 kilomètres du Summa-Vésuvio.

 

 

Un sol jalonné de jaillissements s'arrachant d’un monde souterrain en ébullition, dessine l’image de cette région située au nord de Puzzuoli, appelée par les Grecs « Campi Flegrei » - les Champs ardents -, sa principale caractéristique. Toute la zone, en effet, est volcanique, mais sa structure, du moins pour le néophyte et le candide qui s'attendent à découvrir un volcan en forme de cône tronqué, est plutôt singulière. Au différent, l'emprise de l'édifice, une vaste dépression, de 13 sur 15 kilomètres de diamètre, essaimée de collines de faibles dénivelé et de replats circulaires ou elliptiques, s'ouvre en amphithéâtre autour d'un golfe marin. Elle est bornée par de nombreux dômes, cônes et cratères volcaniques majoritairement monogéniques(11).

 

 L'Archiflegreo d'après le levé géologique au 25.000° d'Alfredo Rittmann.

 

Il est communément admis, par les hautes autorités scientifiques, que l'activité de l'Archiflegreo débuta entre 50.000 et 45.000 ans. Il est aussi concédé que cet édifice vulcanien était un stratovolcan «monobloc» de forme conique, surmonté d'une caldeira sommitale. Et d'une hauteur fluctuant entre 1.800 et 2.000 mètres, il était comparable, en taille, au Vésuve. « Volcan gris » associé au phénomène de subduction, ses éruptions explosives, de type strombolien, - Indice d'Explosivité Volcanique de 1 à 2 -, vulcanien, - Indice d'Explosivité Volcanique de 2 à 5 -, ou plinien, - Indice d'Explosivité Volcanique de 3 à 8 -, étaient très violentes. Il émettait des laves pâteuses et des cendres sous la forme de nuées ardentes ou coulées pyroclastiques et de panaches volcaniques.

 

L'Archiflegreo était «dormant» quand son cône fut entièrement détruit par une éruption explosive colossale ou méga-colossale suivie d'un effondrement de la chambre magmatique. Ses restes, au Sud, furent noyés sous les eaux, donnant forme au Golfe de Puzzuoli. Au Nord, ils furent enfouis sous les dépôts pyroclasyiques et les coulées de laves d'une quarantaine d'édifices qui s'érigèrent à sa périphèrie interne et externe. Bien qu'ensevelies par des projections postérieures, très remaniées, quelques résidus de la caldeira initiale sont toujours visibles: les îles Vivara et Procida, le Monte di Procida, le Monte San Severino et l'arc collinaire allant du Nord de Quarto, passant par Camáldoli, jusqu'à Posilipo. Le tuf gris, répandu sur tout le territoire de la région campanienne apporte preuve irréfutable de l'éruption apocalyptique de l'Archiflegreo.

 

L'Ignimbrite Campanien - 39.280 ans ± 110 ans: éruption et effondrement de la caldeira de l'Archiflegreo.

 

 Dressant la succession stratigraphique du sous-sol du Campi Flegrei, à Quarto, à Pasciarelli, à Furiogratta, à Cupa del Cani ou à Secondigliano, une unité dans les diverses ouches qui le compose se dégage. Sur une base de sédiments marins du Calabrien et de l'Ionien, une strate d'ignimbrite, datée de 60.000 à 50.000 ans, atteint une épaisseur fluctuant, suivant les sites entre 180 et 200 mètres. Cette strate est entièrement recouverte par un «matelas» de tuff gris, l'Ignimbrite Campanien, 39.000 ans, d'une épaisseur oscillant entre de 140 et 150 mètres, elle-même ensevelie sous le Tuff Jaune Napolitain, de 15.000 ans d'âge. Une telle configuration montre que l'Archiflegreo s'est construit dans l'immense caldeira, aux dimensions indéterminées, du Proto-Archiflegreo détruite, et probablement effondrée, entre 60.000 et 50.000 ans, suite à une éruption explosive apocalyptique - Indice d'Explsosivité Volcanique 8.

 

 L'activité commence, vers 50.000 à 45.000 ans, par la formation d'un imposant édifice strato-volcanique émettant principalement des produits trachytiques associés à un volcanisme explosif. Entrecoupée de périodes de quiescence, elle perdure jusqu'à 39.280 ans ± 110 ans date à laquelle se produit l'une des éruptions explosives ultra-pliniennes majeures qui aient été déterminées et recensées, en mer Méditerranée, au cours des 200.000 dernières années. L'activité volcanique explosive a atteint un point culminant au cours de ce cataclysme vulcanien éjectant environ 250 à 300 kilomètres cubes de magma trachytique et 500 à 700 kilomètres cubes de téphras et de pyroclastes. Il s'est parachevé par l'effondrement total de l'édifice archiflégréen et d'une vaste zone comprenant les Champs Phlégréens, la moitié de la ville de Naples, la partie occidentale de Baie de Napoli et le Golfe de Pozzuoli et la formation d'une énorme caldeira, de forme relativement arrondie, de 12 sur 15 kilomètres de diamètre.

 

Les conséquences de l'éruption explosive de 39.280 ans ± 110 ans.

 

Une éruption ultra-plinienne, se produisant sur des volcans gris, se caractérise par l'émission d'une lave d'une grande viscosité qui a extrêmement de mal à sortir de la cheminée volcanique. La pression interne augmente dans le volcan et provoque de gigantesques explosions qui peuvent détruire le volcan en lui-même. Le panache volcanique s'élève à des altitudes supérieures à 50 kilomètres et est accompagné d'une surge qui détruit toute vie et toute construction jusqu'à des dizaines, voire des centaines de kilomètres à la ronde.

 

Ce tephra, résultant de la plus grande éruption connue qui a pu se produire dans la caldeira du Campi Flegrei, représente le dépôt volcanique le plus vaste et un des marqueurs stratigraphiques le plus important de l'Eurasie occidentale. Il a produit le piperno et le tuf gris pipernoïde, l'Ignimbrite Campanien, qui a enseveli, sous 200 mètres d'épaisseur, toute la zone du Campi Flegrei et la moitié de ville de Naples. Il est reconnaissable dans la colline de Camáldoli, à l'Ouest et à la crête nord du Monte di Cuma, au Monte di Procida, dans les falaises côtières. Il a recouvert, d'une épaisse couche de pyroclastes, la majeure partie de la Campanie, le retrouvant dans la province de Salerne, à la «Grotte di Castelcivita» et du Latium.

 

Au-delà, à Rignano Garganico, à la « Grotte di Paglicci » et autres sites moindres dans la région d'Apulie, une fine pellicule de tephras, d'âge préliminaire d'environ 39.000 ans en corrélation avec les tephras marins répandus en Méditerranée centrale, correspond aux caractéristiques physiques et chimiques des produits émis par l'éruption ultra-plinienne du supervolcan Campi Flegrei.

 

 

Découlant d'une phase majeure ignée, éruption explosive ultra-plinienne, - Archiflegreo 39.280 ans ± 110 ans -, qui avait éjecté environ 200 kilomètres cubes de magma trachytique et 500 kilomètres cubes de téphras et de pyroclastes, l'Ignimbrite Campanien couvre une vaste zone, - 30.000 kilomètres carrés -, de la Méditerranée centrale. Sujet à de nombreuses études et datations, les résultats obtenus, jusqu'à ce jour, sont multiples et parfois divergents. D'une part, l'implantation de l'édifice volcanique préhistorique est soumise à caution, certains la situant au cœur du Campi Flegrei, dans le Golfe de Pouzzuoli, d'autres au Nord-Ouest de Naples, dans le quadrilatère Quarto-Qualiano-Villarica-Magrano di Napoli. D'autre part, pour certains, ce dépôt conséquent d'ignimbrite, - 200 mètres d'épaisseur sur toute la zone du Campi Flegrei et la moitié de ville de Naples -, se serait formé lors d'une seule éruption cataclysmique, il y a 39.280 ans ± 110 ans, pour d'autres, asseyant leurs conclusions sur une batterie de datations obtenues par diverses méthodes, plusieurs événements éruptifs, « Campanian Ignimbrite Series » ou « Campanian eruptive events », se seraient produites vers 35.000 ans.

 

L'emprise territoriale de l'Ignimbrite Campanien est considérable.

 

Centrées, suivant les théories émises, soit dans le Golfe de Pouzzuoli, soit au Nord-Ouest de Naples, les coulées pyroclastiques ont franchi, au Nord-Est, les piémonts des Appenins et, au Sud-Est, les pointes rocheuse de la péninsule de Sorrento, deux barres montagneuses culminant à plus de mille mètres d'altitude. Ainsi, les témoins y étant existants, elle s'étend jusqu'à Roccamonfina, à une distance de 40 kilomètres au Nord-Ouest, Alifé, 49 kilomètres au Nord, Benevento, 45 kilomètres au Nord-Est, et Salerno, 56 kilomètres à l'Est. La vitesse de cette déferlante, - nuée ardente et pyroclastite à forte détente gazeuse -, éjectée à plus de 80 kilomètres d'altitude, est estimée avoir été au moins égale à 160/170 mètres/seconde, dans la zone limitrophe à l'événement explosif, de 140/150 de 100/110 mètres/seconde à 50 kilomètres du point éruptif.

 

De l'Ignimbrite Campanien dans la région de Cilento, à 150 kilomètres du Campi Flegrei.

 

Des couches inter-stratifiées de tephras ont aussi été découvertes, dans le cadre de travaux archéologiques, dans des grottes situées sur la zone littorale de la région campanienne de Cilento près de Marina Di Camerota et de Scario. Plusieurs niveaux téphriques y ont été dénombrés et un affleurement d'Ignimbrite Campanien a même été déterminé hors des cavités karstiques fouillées par les archéologues. Les caractéristiques propres à cette roche, d'aspect pierre ponce et de couleur jaune-orangée, formée de débris de roche volcanique soudés avant leur refroidissement et mélangés à une matrice vitreuse, permettent de supposer que ce dépôt important est résultante d'une éruption explosive majeure, ultra-plinienne, super-colossale ou méga-colossale. En outre, se localisant à 150 kilomètres au Sud-Est du centre de la zone de diffusion campi-flégréenne, en regard à son positionnement, elle s'avère être un témoin irréfutable de la limite extrême, actuellement connue et attestée, d'extension de l'Ignimbrite Campanien.

 

L'éruption explosive ultra-plinienne de l'Archiflegreo fut méga-colossale.

 

Il est à penser, en regard à l'épaisseur du banc multidécamétrique découvert à Cala Bianca près du Golfe de Policastro, une strate de 0,8 mètre d'empâtement, localisé à 150 kilomètres du point éruptif, que l'emprise territoriale de l'Ignimbrite Campanien est encore largement sous-évaluée. Et il ne fait aucun doute, l’affleurement de Cala Bianca et les téphras découverts dans les grottes « Grande di Scario » et « Porto Infreschi » n'étant pas des sites isolés, que d'autres témoins, plus éloignés encore du centre d'émission, donc moins épais, ont été détruits ou ont échappé aux investigations. Donc, il ne peut être admis, le rayon d'émission de l'Ignimbrite Campanien étant plausiblement supérieur à 150 kilomètres, l'Indice d'Explosivité Volcanique de l'éruption de 39.280 ans ± 110 ans qui avait détruit l'Archiflegreo a été largement supérieur à toutes les hypothèses qui ont pu être émises. Et les conséquences environnementales, ayant résulté de l'éruption extra-plinienne méga-colossale, n'ont pu être que considérables et durables sur les écosystèmes et les peuples préhistoriques.

 

A titre comparatif, des éruptions explosives pliniennes et ultra-pliniennes récentes.

 

Pour simples exemples comparatifs, l'éruption du stratovolcan Tambora, sur l'île de Sumbawa, en Indonésie, le 10 Avril 1815, Indice d'Explosivité Volcanique de niveau 7, tuant entre 61.000 et 71.000 personnes, avait formé une caldeira de 1.110 mètres de profondeur et de près de 6 kilomètres de diamètre. Elle fut à l'origine « d'étés glacés », d'un « été sans soleil » en Nouvelle-Angleterre, et, en 1816, de l'été le plus froid, jamais enregistré en Europe, et à l'origine d'une famine faisant plus de 200.000 victimes. Celle du Krakatoa, en Indonésie, le 27 Août 1883, Indice d'Explosivité Volcanique de niveau 6, déclenchant un tsunami aux vagues colossales dévastant les côtes des îles de Sumatra et de Java, provoquant la mort de 36.417 personnes, et le panache de cendres volcaniques s'étant élevé à 80 kilomètres d'altitude, répandant suffisamment de particules pour abaisser la température mondiale moyenne de 0,25°C; ou celles, encore, du Laki, en Islande, en 1783, du Novarupta, en Alaska, en 1912, ou du Pinatubo, sur l'île de Luçon aux Philippines, le 7 Juin 1991, toutes d'Indice d'Explosivité Volcanique de niveau 6...

 

Notes.

 

(1) Sous le vocable pyroclastite, sont désignés les produits volcaniques éjectés lors de l'éruption d'un volcan et définis suivant leurs diamètres: cendres, lapilli, scories, tufs volcaniques et ignimbrites.

(2) Carotte, prélèvement cylindrique obtenu par carottage du sous-sol à l'aide d'une tarière.

(3) Villa Literno est une commune, dans la province campanienne de Caserta, située à 25 kilomètres au Nord-Ouest de Naples, à 25 kilomètres à l'Ouest-Sud-Ouest de Caserta et à 20 kilomètres au Nord de Puzzuoli.

(4) Calabrien, ou Pléistocène inférieur, de 1,806 Millions d'années à 781.000 et de l'Ionien, ou Pléistocène moyen, de 781.000 à 126.000 ans.

(5) Le Mésozoïque, anciennement appelé Ère secondaire ou Ère des Reptiles, est une ère géologique s'étendant de 251 à 65,5 Millions d'années, au cours de laquelle apparaissent des espèces de mammifères et de dinosaures. Sa limite supérieure correspond à l'extinction du Crétacé.

(6) Le Continent Ibérique. Livre I. Formacion et dérive de la plaque tectonique Ibérico-Provençalo-Italo-Maghrébine. Raymond Matabosch. Auto-Édition, États-Unis. © 2004

(7) Le Terrane : En géologie, un terrane est une accrétion de roches, sur une plateforme continentale ou un craton d’origine différente. Il s’agit en général de matériaux apportés par subduction soit d’arcs insulaires que la tectonique a déplacés, soit de fragments détachés d’un continent par divergence ou rift ouvrant un océan.

(8) Italote ou Italos: Italos, nom du royaume d'Italie à l'époque grecque.

(9) Le Pléistocène inférieur, 1,8 Million d'années à 780.000 ans; le Pléistocène moyen, 780.000 à 130.000 ans; et le Pléistocène supérieur, 130.000 à 11.000 ans.

(10) La croûte continentale est épaisse de 15 à 80 kilomètres, la croûte océanique est beaucoup plus fine, 5 à 7 kilomètres en général.

 (11) Un volcan monogénique produit une seule éruption.

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